
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était l’invitée de France Inter ce lundi, pour présenter une enquête consacrée à la réforme des retraites et évoquer les économies budgétaires envisagées par le gouvernement.
« Les Français n’ont pas du tout tourné la page » de la réforme des retraites, estime ce lundi sur France Inter la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. D’après un sondage commandé par son syndicat à l’Ifop, 68% des Français sont favorables à l’organisation d’un référendum sur la réforme des retraites, qui a instauré l’âge légal de départ à 64 ans, contre 62 ans précédemment. Et les deux tiers des Français (65%) voteraient pour l’abrogation de cette réforme de 2023.
« Ce sondage montre que les Français sont au clair sur la solution en matière de retraite, c’est la démocratie. Le Parlement doit pouvoir voter ou les Françaises et les Français doivent pouvoir voter« , indique Sophie Binet. « Contrairement à la stratégie de la résignation diffusée par le patronat, les Françaises et les Français n’ont pas du tout tourné la page, il y a toujours une large majorité de salariés qui sont pour l’abrogation de la réforme des retraites. Tout simplement parce que nous savons que nous ne pourrons pas tenir au travail jusqu’à 64 ans, soit parce que notre boulot est trop pénible, soit parce qu’on sera licencié avant. »
« Le gouvernement ne s’intéresse jamais aux riches »
Dimanche, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a confirmé sur France Inter et franceinfoTV l’« effort de 40 milliards » d’euros d’économies pour le budget 2026, annoncé un peu plus tôt par le ministre de l’Économie Eric Lombard, et ce afin de maintenir l’objectif de réduction du déficit à 4,6% du PIB en 2026. « Le gouvernement a une pathologie, il ne s’intéresse jamais aux riches et c’est toujours aux mêmes de faire des efforts« , estime Sophie Binet.
Le gouvernement a toutefois précisé qu’il n’y aurait « pas de stratégie d’augmenter les impôts des Français, des classes populaires et des classes moyennes » et a dit vouloir maintenir l’effort sur les plus hauts revenus et sur les processus d’optimisation fiscale. « J’attends de voir ce qui sera annoncé demain », indique Sophie Binet. Une réunion est en effet prévue ce mardi autour du Premier ministre François Bayrou. « La France est maintenant un pays de rentiers, dans lequel on taxe toujours moins le patrimoine, dans lequel les dividendes explosent, c’est là-dessus qu’il faut travailler. Il y a 200 milliards d’aides aux entreprises qui sont consenties chaque année sans conditions ni contreparties, quand est-ce qu’on en parle ? » Elle invite aussi à taxer le patrimoine. « Il n’y a rien de plus inégalitaire que le patrimoine », dit-elle.
Interrogée sur une éventuelle réforme de l’assurance chômage, Sophie Binet souligne que « rien que d’évoquer la piste d’une réforme est une honte au vu du contexte et des quatre réformes précédentes qui ont dégradé les droits des privés d’emploi ». Elle rappelle le souhait porté par son syndicat de mettre en place « un moratoire sur les licenciements ». « Cela fait un an que la CGT alerte et que la situation ne cesse de se dégrader. Il y a un an, nous étions à 130 plans de licenciements, aujourd’hui, on est quasiment à 360« , indique-t-elle. « C’est notre industrie qui est en train de plier bagage. Il faut que le gouvernement prenne des mesures d’urgence. »
« Le problème, c’est qu’on a un gouvernement qui refuse d’agir sur l’économie, qui refuse de protéger notre industrie, à l’image de ce qu’il s’est passé sur Vencorex, un scandale d’État« , décrit-elle, au sujet de cette usine chimique en difficulté près de Grenoble, reprise partiellement par le géant chinois Wanhua à la place de la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) par des salariés de Vencorex et des collectivités locales.
Source Sonia Devillers France Inter
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