Après l’affligeante assemblée de Montbéliard, les élus de gauche de la Région vont se revoir ce matin. En colère pour beaucoup, oseront-ils le dire à leur présidente, très critiquée en coulisses ? À suivre.
C’est jour de retrouvailles, aujourd’hui, à la Région. Ce matin, les élus de gauche se réuniront en deux fois, les plus « capés » au sein de l’exécutif puis la totalité des conseillers PS et alliés dans le cadre élargi du groupe politique. L’après-midi, des élus de la droite, du centre et des extrêmes seront aussi de la « fête », au sein d’une commission permanente. Ce sera leurs premières rencontres depuis l’autre « black friday », ce fameux « vendredi noir » à Montbéliard où l’assemblée a démontré que sa structuration en trois blocs principaux, issue des élections de 1995, ne correspondait plus aux réalités.
Explosion du FN, rivalités sourdes mais perceptibles à LR et à l’UDI où certains choix stratégiques de François Sauvadet semblent peu ravir Alain Joyandet, mal-être d’une partie du groupe PS face à un duo présidentiel qui ‘‘la joue trop perso’’ – voire dans un ‘‘esprit macroniste’’ présumé pour Marie-Guite Dufay –, la suite du mandat s’annonce difficile.
Le sénateur et patron du groupe PS Jérôme Durain l’a confirmé mardi au site Creusot-Infos. « Je suis très en colère car j’ai un sentiment de gâchis à cause d’une mauvaise organisation et d’un manque d’autorité », a-t-il dit. Avant d’évoquer des « sessions médiocres », un « spectacle désolant » qui l’a personnellement « sonné » à Montbéliard et de promettre de « rebondir » et « reconstruire ».
L’intersyndicale prudente
Anonymement, vu l’ambiance, d’autres socialistes sont moins diplomates. En ligne de mire, le 1er vice-président, Michel Neugnot, que nombre d’agents salariés de l’institution accusent, en vrac, de « mépris, infantilisation, manque de clarté, arrogance ». Autant de griefs qui déstabilisent une gauche où plusieurs n’oublient pas qu’elle fut solidaire du mouvement social dans l’ancien monde. Au PS, on se sent d’autant plus ridicule que M. Sauvadet a réussi, de son côté, à obtenir mercredi l’adhésion de trois syndicats sur quatre à la réforme qu’il menait au conseil départemental de Côte-d’Or et qu’il ne se prive pas de le clamer partout.
« Neugnot, est-ce la bonne personne à la bonne place ? », s’interroge un important élu PS, qui pointe « trois problèmes » à propos de son collègue : « Son cumul de trois délégations, ce qui est trop ; son cumul des finances et d’une délégation thématique, ce qui est limite en termes de déontologie ; son profil désastreux pour gérer les relations humaines. »
Signe de cette défiance généralisée, l’intersyndicale, qui envisageait de saisir la justice concernant le ‘‘pacte social global’’, a décidé d’un audit juridique prudent avant de s’engager. Motif invoqué : si M. Neugnot a lui-même « suggéré » en séance cette action, « c’est peut-être qu’il y a un piège », craignent des délégués. Mme Dufay n’est pas davantage épargnée par sa troupe d’élus qui lui reproche de « laisser faire » son 1er vice-président et de s’afficher beaucoup trop « complaisante » envers l’extrême droite.
En début de mandat, rappelle-t-on au PS, « c’est elle seule qui avait décidé, contre l’avis de tous, l’entrée du FN dans les lycées, plutôt que d’y être obligée par la justice, ce qui eut fait sens ». C’est dans un contexte similaire que la présidente vient encore de décréter que Sophie Montel (Les Patriotes) bénéficierait de prises de parole générales, bien qu’elle n’ait plus de groupe politique et que ce soit contraire au règlement intérieur. C’est cette ‘‘étincelle’’ qui, à Montbéliard, avait d’ailleurs mis le feu aux poudres après le vote commun PS-Patriotes sur le statut des fonctionnaires régionaux.
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