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Tout juste 35% des 60-64 ans sont encore en emploi en France. Et à 60 ans, 28% des ouvriers travaillent encore. Le recul de l’âge de départ à la retraite ne va pas augmenter le taux d’emploi des seniors comme le prétend Elisabeth Borne, mais prolonger leurs années sans salaire, ni pension de retraite.
Tenir jusqu’à 64 ans sans allocation chômage, ni pension de retraite ou avec une maigre pension d’invalidité : c’est ça une réforme juste ?
Au-delà de 55 ans, voire dès 50 ans, le ticket des seniors n’est plus valable en entreprise. Ils n’ont plus de travail et à partir de 60 ans, ils sont déjà en situation de précarité.
En repoussant l’âge de départ à la retraite, on augmenterait mécaniquement le taux d’emploi des seniors, assure le gouvernement. Faux !
Ce qu’oublie de dire la cheffe du gouvernement, c’est qu’en France, les « seniors » sont considérés trop coûteux ou pas assez productifs par les entreprises qui multiplient les ruptures conventionnelles, les plans de départ volontaires et les licenciements pour se débarrasser d’eux.
C’est le cas des salariés.es exerçant des métiers avec une pénibilité physique marquée (horaires décalées, charges lourdes, produits chimiques, bruit, vibrations, chaleur, gestes répétitifs, postures pénibles etc.) ne peuvant même plus bénéficier d’une retraite anticipée car plusieurs facteurs de risques ont été supprimés par Emmanuel Macron en 2017.
« Je n’aime pas le terme de pénibilité, donc je le supprimerai », avait- t-il promis au patronat pendant sa campagne électorale. Il ne s’est pas gêné de le faire.
C’est le cas aussi des cadres cassés par l’intensification du travail, le stress et qui sont en burn out. Et une fois mis à l’écart, les seniors ne retrouvent pas de travail. « C’est le deuxième effet kiss cool », s’insurge Sandrine Mourey, membre de la direction de la CGT.
En France, seulement 35% des 60-64 ans sont encore en emploi et à 60 ans, seulement 28% des ouvriers peuvent encore travailler », rapporte la syndicaliste en charge des retraites à la Confédération, avec Catherine Perret et Thomas Vacheron.
Les « NER » ont les nerfs
Cette situation est le résultat d’une précédente réforme, celle de Sarkozy en 2010 qui avait déjà repoussé l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. À l’époque, le compromis social n’avait pas été respecté : les entreprises n’ont pas gardé les seniors en emploi, et la pénibilité de certaines carrières n’a pas été prise en compte.
Ce qui s’est traduit par l’augmentation du nombre de travailleurs.euses qui, à 60-61 ans, ne sont ni en emploi, ni en retraite : les « NER ».
Décaler une nouvelle fois l’âge légal de départ va forcément allonger le sas de précarité dans laquelle se trouvent déjà piégés les plus de 60 ans.
En invalidité, ou bien au chômage puis en fin de droits, les seniors finissent souvent au RSA avant de pouvoir faire valoir leurs droits à la retraite.
Explosion du nombre de bénéficiaires du RSA
Comment tenir jusqu’à 64 ans dans de telles conditions ? Avec le recul de l’âge départ, les départements (ce sont eux qui financent le RSA), redoutent d‘ailleurs l’explosion du nombre de bénéficiaires de ce revenu de solidarité active.
La réforme Borne-Dussopt repose sur une hypocrisie majeure : celle selon laquelle après 60 ans, on peut, si on le veut, continuer à travailler.
« C’est la grande tartuferie de l’emploi des seniors » , dénonce Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict-CGT (cadres, ingénieurs, techniciens) dans une récente tribune publiée par l’Humanité dimanche.
La CGT demande le retour de la prise en compte de tous les critères de pénibilité au travail avec la possibilité de départs anticipés avant 60 ans.
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