« N’attendons pas que le capital traite de la question environnementale, il ne le fera pas »

La Cgt affirme qu’il est possible de remédier à la crise climatique en dépassant les contradictions entre le social et l’environnemental. Mais en apportant des solutions : c’est l’un des objectifs de son Plan syndical d’actions pour l’environnement.

par Christine Labbe Temps de lecture : 3 minutes

Une «  bonne nouvelle  »  : c’est par cette note positive que Sophie Binet conclut les Rencontres d’Options consacrées au climat et à la transformation du travail. Cette «  bonne nouvelle  » prend la forme d’une «  Cop (Conférence des parties) conclusive  », dont l’accord négocié à Dubaï amorce une sortie des énergies fossiles. Mais l’optimisme de la secrétaire générale de la Cgt est tout relatif  : «  Des Cop conclusives, rappelle-t-elle, il y en a eu d’autres, dont celles de Paris et de Glasgow… qui ont finalement été suivies par une forte capacité à ignorer les engagements une fois de retour chez soi. » Pour, tranquillement, reprendre la marche habituelle des événements…

«  Or, hormis par Emmanuel Macron, les conséquences de la crise climatique sont connues. Mais on ne veut pas faire. Fondamentalement, le capital, en effet, n’y a pas intérêt. D’une part parce que les ultrariches sont épargnés par les conséquences du réchauffement climatique. D’autre part, parce qu’ils en sont les premiers responsables, l’impact environnemental étant proportionnel au niveau de richesse. Ils refusent ainsi de prendre leurs responsabilités, sauf à remettre en cause l’inégale répartition des richesses et des pouvoirs. Enfin, ils spéculent sur la situation, et cette spéculation porte un nom  : le capitalisme vert. N’attendons pas que le capital traite de la question environnementale, il ne le fera pas.  »

La «  bombe climatique  »  ? Au profit de l’extrême droite

Cette lucidité est d’autant plus salutaire que la situation profite avant tout à l’extrême droite. Sophie Binet décrit ainsi un «  effet ciseaux  » très inquiétant  : «  D’un côté, l’extrême droite prospère sur les crises engendrées par le dérèglement climatiques, comme les migrations ou les batailles géopolitiques pour la captation des ressources naturelles. De l’autre, elle profite du refus des classes dirigeantes de remettre en cause les privilèges du capital  », au détriment des exigences sociales et des besoins des populations. Le syndicalisme Cgt affirme qu’il est possible d’y remédier, en apportant des solutions  : c’est l’un des objectifs de son Plan syndical d’actions pour l’environnement.

«  Soyons nous-mêmes la solution. Chacune, chacun, à nos échelles (territoire, entreprise, filière industrielle…), évaluons l’impact du changement climatique et réfléchissons à la transformation en profondeur de l’outil productif, en dépassant les contradictions entre l’environnement et le social  ». Cela implique de «  travailler à des projets  »  : par exemple à la conception d’un véhicule électrique léger, à bas coût, notamment à travers le projet Gazelle, à Blanquefort (Gironde). Autres exemples  : le projet de reconversion en biomasse Ecocombust pour la centrale électrique de Cordemais (Loire-Atlantique) ou le celui de reconversion en méthanation pour la centrale à charbon de Gardanne (Bouches-du-Rhône), permettant de transformer du bois usagé en gaz et de produire de l’électricité à base de biomasse. 

Sophie Binet poursuit son raisonnement en insistant sur les propositions de la Cgt en matière de fret ferroviaire public (reprise de la dette), en cours de démantèlement, ou pour l’entreprise Valdunes, le dernier fabricant français de roues ferroviaires, dont l’avenir est menacé après le désengagement de son actionnaire.

«  L’objectif est de généraliser ces actions et de passer à l’échelle industrielle, explique Sophie Binet. Le Radar travail environnement participe de cette ambition et rend crédible le syndicalisme dans sa capacité à offrir des perspectives en matière environnementale  : en permettant aux salariés, et notamment aux cadres, de se réapproprier leur travail et de reprendre le contrôle de leur qualification, au service des enjeux sociaux et environnementaux.  »

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