CNR/Macron

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Mais quelle est donc cette usine à gaz lancée par Emmanuel Macron dans son entretien à la presse régionale à une semaine d’un scrutin législatif déterminant pour la suite de son quinquennat ?

Face à la défiance qu’il inspire dans l’opinion, confronté au rejet de sa réforme des retraites, Emmanuel Macron a promis une nouvelle méthode pour faire passer ses réformes. Et il a donc annoncé ce week-end la création d’une nouvelle instance inspirée
-rien moins que ça- « du Conseil national de la Résistance ».

Elle réunira « les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élu.es des territoires et de citoyen.nes tiré.es au sort pour travailler sur les chantiers prioritaires du quinquennat ». Audacieux, n’est-il pas ? Sauf qu’à y regarder de près, à une semaine de l’élection d’une nouvelle Assemblée dont il n’est pas certain qu’elle lui soit toute acquise, Emmanuel Macron donne le signe de vouloir circonvenir la prochaine représentation nationale en passant par-dessus la tête des député.es.

Ensuite, on peut aussi se demander pourquoi créer une instance supposée représenter les forces vives de la nation, les associations, les acteurs sociaux, alors que celle-ci s’appelle déjà le Conseil économique, social et environnemental ?

Accessoirement, on peut aussi douter de la volonté d’Emmanuel Macron d’écouter les citoyen.nes tiré.es au sort. Ce gadget-là, il nous l’a déjà servi avec le Grand débat post-Gilets jaunes et la Convention citoyenne pour le climat dont les propositions lui ont servi à caler son trône.

Mais par quel miracle ce président qui a foulé au pied le dialogue social, méprisé les corps intermédiaires, manié l’insulte ou le mépris de classe, serait-il converti à un exercice plus démocratique du pouvoir ? Emmanuel Macron n’écoute pas. D’ailleurs, s’il écoutait, il n’aurait pas besoin d’un énième rapport ou d’une enquête flash sur la situation des services d’urgence pour savoir comment résoudre la crise des urgences.

Au-delà du scepticisme qu’inspirent ces annonces, on peut aussi ressentir un certain dégoût. Car Emmanuel Macron détourne et falsifie l’histoire en utilisant un acronyme qui fait explicitement référence au Conseil national de la Résistance. Mais n’est pas Ambroise Croizat qui veut… Le CNR a créé des droits, qui sont toujours en vigueur, même si Emmanuel Macron et les néolibéraux n’ont eu de cesse de « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance » comme les y avait invités Denis Kessler, ancien bras droit d’Ernest-Antoine Seillière et idéologue du Medef dans un éditorial au journal Challenges en octobre 2017. Pour mémoire, le CNR avait par exemple inscrit à son programme social, « le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ; un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assurent à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. »

Quand Emmanuel Macron appelle à une « refondation », c’est d’un nouvel édifice dont il parle. Mais pour cela, il lui faut faire table rase.

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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