Face à l’inflation alimentaire, encadrer les prix et les géants du secteur

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Les prix alimentaires flambent, le panier anti-inflation rempli par les enseignes de la grande distribution affiche un mauvais Nutriscore. A quand l’encadrement des prix, la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité, et la hausse des salaires ?

Une baisse du prix des matières premières de 20 % en un an pour les céréales, de 15 % pour les produits laitiers, de 6 % pour la viande… Et dans le même temps, les prix sur les étiquettes s’envolent…

Globalement, les cours mondiaux des produits alimentaires de base ont reculé de 20 % en un an, selon les chiffres publiés le 5 mai par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Pendant ce temps, en France, l’inflation alimentaire dépasse 18 % en un an dans les grandes surfaces, selon UFC Que Choisir. Cherchez l’erreur…

Pourquoi un tel écart, si préjudiciable aux ménages ?

« L’alimentation représente en moyenne 20% de leur budget total, voire 30 à 35% pour les ménages modestes. Avec la non- revalorisation des salaires, c’est intenable » , souligne Jocelyne Hacquemand, secrétaire de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière CGT.

Lance à incendie en trompe l’œil

Devant la flambée des prix dans les rayons, le gouvernement fait mine de sortir la lance à incendie et renvoie la patate chaude aux supermarchés et à leurs fournisseurs industriels.

Leurs négociations commerciales doivent prendre en compte l’évolution des coûts de production (énergie, transport, matières premières, emballages etc.), pour permettre une meilleure rémunération des agriculteurs. 

Ces mesures nées des lois Egalim adoptées suite aux États généraux de l’alimentation en 2018, se sont traduites par une hausse globale des prix, alourdissant la facture des consommateurs.

Autre problème, lorsque le prix des matières premières baisse, ce n’est pas immédiatement répercuté dans les rayons. Il faut attendre trois trimestres, voire un an.

Les profits insolents de l’agroalimentaire

Face à la montée des luttes pour l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat, Bruno le Maire (ministre de l’Économie) et Olivia Grégoire (Commerce), à la botte du patronat, ont beau jeu de demander aux géants de l’agroalimentaire et aux acheteurs de la distribution de revenir autour de la table des négociations pour que, avant l’été, la baisse du coût des matières premières et de l’énergie « soient restituées aux consommateurs ». 

« Même si un round de négociation reprend et que l’industrie accepte de débattre à nouveau de ses tarifs (ce qui n’est pas gagné), ce n’est pas ça le sujet ! On essaie de régler le problème de l’inflation alimentaire alors que l’inflation est un problème de salaires et de profits des géants de l’agroalimentaire , dénonce Jocelyne Hacquemand. 

En un an, l’inflation s’est traduite par l’augmentation insolente des marges de l’industrie agroalimentaire à + 44,7% : le plus haut niveau depuis 15 ans. Au premier trimestre 2023, le chiffre d’affaires du groupe Danone par exemple, a progressé de 11,6% en valeur quand son volume des ventes n’a augmenté que de 0,2%. Idem pour Unilever… 

L’objectif de ces géants industriels est-il de nourrir la population ou plutôt de se gaver ? Peut-on laisser l’alimentation aux mains d’entreprises privées dont le seul objectif est le profit ?

Si la volonté du gouvernement est de voir baisser les prix de l’alimentation, il doit supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, encadrer les prix avec un coefficient multiplicateur du prix des matières agricoles.

Et pour soutenir le pouvoir d’achat, mettre en place des mesures d’augmentation des salaires avec un smic à 2 000 euros. 

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